Et bien je m'en souviendrai de ce 15 août !
J'ai écrit ceci au sommet du Vignemale.
J'ai décidé de passer la nuit au sommet. La vue est grandiose et le temps propice à ce type d'expérience (à noter) : à 20h30 il ne fait pas froid et le vent est très raisonnable pour un sommet à 3296m (à noter aussi la naïveté).

J'ai marché toute la journée ; presque sans pause, c'est un peu dur. Je souhaite calmer un peu le rythme les prochains jours. J'ai passé 3 cols, en ai redescendu autant, monté un glacier, escaladé (facile le Vignemale, pas d'affolement : du II, on ne tire pas sur les bras) un pic (2 fois même, car j'avais laissé mon sac au glacier, mais ayant décidé de dormir au sommet, je suis redescendu le chercher)... pfffui je suis crevé.
Le type du refuge de Baysselance est sympa et n'a pas l'air trop inquiet quand je lui dit que je souhaite bivouaquer là-haut. Il est alors 17h et il me dit qu'il faut "grimper un peu" pour accéder à la grotte Russel, car le glacier s'est abaissé avec la fonte.(quelle vache ce type)

Depuis le sommet je vois parfaitement la brèche de Roland, et ça n'a pas l'air trop loin, cool !
C'est vraiment super d'être là ce soir, cela me remotive à fond ce genre "d'extra". Mont Perdu, Midi de Bigorre, Ossau, Balaitous... c'est génial.

Je me fais 1 litre de soupe puis de la purée-fromage en attendant le coucher de soleil.
Et le lever...bon d'abord, voyons comment se passe la nuit (ah, on sent une pointe de méfiance).

Après un orage derrière le Mont Perdu, ce sont des nuages venant d'Espagne qui m'inquiètent. Pourvu qu'il ne pleuve pas, car je ne désescaladerai pas le sommet dans la nuit pour rejoindre les grottes. (à noter aussi)
Il ne reste plus qu'à espérer...

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J'ai écrit ceci dans la grotte Russel.
23h20 : Et non, la journée n'était pas finie.... Bien, résumons ce qui s'est passé durant les 2 dernières heures.
Les premiers nuages d'Espagne se dissipent. Mais plus loin, pile dans la direction d'où vient le vent, un orage éclate : c'est la guerre entre les nuages du haut et ceux du bas. Je me souviens de Jean-Pierre qui me disait avoir vu un orage éclater sur le pays basque, sans prendre une goutte. Je me dis que c'est la même chose ce soir, et je déterre même un vieux souvenir enfouis d'un orage corse sur la mer, quand sur la terre il faisait beau.

Malheureusement l'orage se rapproche, même si je n'entends pour l'instant pas le tonnerre. J'éloigne tous les objets métalliques à 20 mètres (très proche quoi).

Argh, le voilà qui vient par le sud aussi (en plus du sud-ouest). Allez, ce que je disais que je ne ferai jamais, et bien je vais le faire : je désescalade le Vignemale à la frontale. Ca se passe très bien en fait, et je retrouve mon point d'entrée. L'adrénaline fait des merveilles.
Je cours sur le glacier en direction des grottes Russel. J'en vois deux ; la première inaccessible et la deuxième hors d'atteinte. J'accroche mes bâtons sur le sac et m'apprête à le lancer pour essayer de grimper léger. Ah non, surtout pas, et si je n'arrive pas à monter ?! J'aurais l'air con sans sac sous l'orage.

Je mets donc le sac sur le dos et... me paye 3 beaux pas d'escalade, en 5 à mon avis. Ouf, je suis dans la grotte ! Sauvé, j'entends maintenant le tonnerre (je compte au minimum jusqu'à 6, mais ça cogne dur), et il se met à pleuvoir.
Il faut que je me calme les prochains jours....

J'ai appris plus tard qu'il y avait une grotte très proche du sommet... la prochaine fois ?