Le Chemin

    Pour la traversée des Pyrénées, c'est encore plus que d'habitude le "voyage qui importe, plutôt que la destination". Mais comment décider du chemin que l'on va prendre, ou comment composer un itinéraire qui nous "convienne" ? C'est à dire qui nous satisfasse et que l'on soit capable de réaliser. Tout dépend donc des pics que vous voulez faire, du temps dont vous disposez, de la météo, de la période, etc...

Pour une partie de l'itinéraire, j'ai procédé de la façon suivante. J'ai superposé les cartes de façon à couvrir une bonne partie de la chaîne (3 cartes à 50000 par exemple). Puis j'ai tracé l'itinéraire de mes rêves, sans même tenir compte de l'existence ou non de chemins. J'ai ensuite essayé de le découper en journées, en tenant compte du dénivelé et de la distance. Enfin j'ai adapté mon rêve à la réalité, donc toujours "à la baisse", en cherchant s'il existait un chemin ou un topo (internet ou librairie) qui passait par là. J'ai aussi cherché des itinéraires-bis en cas de mauvais temps. Cette partie de la composition d'un itinéraire est très amusante, mais très longue, et m'a pris plusieurs soirées.
Sur certaines portions, notamment en basse montagne, il est très difficile de décider du "bon" chemin, car la carte est muette sur l'état des chemins, des forêts, etc... Je me suis inspiré pour ces parties du guide Véron ou de récits sur internet (randonner.leger, tous les we !).
On trouve ainsi un chemin, qui a de grandes chances de se modifier en cours de route. C'est son chemin, même si beaucoup l'ont déjà emprunté. Je trouve cela beaucoup plus intéressant que de prendre un itinéraire "clé-en-main-à-la-Véron".

Cependant, et je l'écris ici une fois pour toute : si l'on aime la montagne, il ne faut pas faire la traversée des Pyrénées.
Je ne me suis senti en montagne qu'à partir du col d'Anaye, ou disons du pic d'Orhy. Donc à partir du 5ème jour seulement. Le début n'est pas désagréable, mais ce n'est pas de la montagne, et on marche (-beaucoup- trop) souvent sur la route. J'ai trouvé la fin du parcours plus intéressante et plus jolie, même si elle comporte de bonnes portions sur route.
Un départ de La-Pierre-St-Martin devrait suffire à mon avis.

Enfin, Ouest-> Est ou Est-> Ouest ? La plupart des gens partant d'Hendaye, j'ai cherché une justification a posteriori : on a le soleil dans le dos pendant l'après-midi, ce qui est peut-être plus agréable... Hum, un peu tiré par les cheveux. Est-> Ouest doit être très bien aussi.

Il s'agit maintenant de suivre ce chemin et de ne pas se perdre. Bon, il faut des cartes bien sûr.
J'ai eu la chance d'avoir les photocopies couleurs au format A4 en recto-verso des 25000 le long de la chaîne. Ne manquaient que quelques portions entre l'Aneto et le port d'Aula, que j'avais alors en 50000. Merci beaucoup Jean-Louis pour ce "trésor". Sur ces 25000 étaient justement tracés les passages douteux du genre forêt.
Mais je trouve intéressant de compléter les 25000 par des 50000 pour avoir une vue d'ensemble. Cela peut aider à replanifier un itinéraire en cours de route, ou même à se localiser parfois. Je les découpais sans état d'âme, cela se re-scotche très bien une carte. J'ai aussi eu la chance de me débarrasser des 25000 "usagées" à certains points de rencontre.
Penser à reporter les chemins des 50000 sur les 25000 et vice-et-versa !

Je me suis souvent perdu. Quand on perd son chemin on perd aussi du temps. En plus ça énerve teriblement et on se sent nul, "même pas capable de lire une carte", de quoi s'en vouloir.
Moi ça m'a beaucoup amusé. Car je commettais très souvent les mêmes erreurs : "ah je vais couper par là, ça rattrape sûrement après...". Et me voilà à traverser une forêt pleine de ronces, ou bien à désescalader une barre rocheuse.

Le hors-sentier peut être terrible aussi. Vraiment terrible. Le plus souvent il s'agissait de rattraper le chemin que j'avais perdu. Bon, dans ces cas là, on subit et on garde profil bas. Mais d'autres fois, ce sont les cartes elles-mêmes qui m'ont mis dans des situations de galère. C'est certain, c'est facile pour un type de l'IGN (ou l'ICC, tous dans le même panier) de tracer un trait sur la carte, mais il faudrait vérifier un  peu la validité des informations !
Donc plusieurs soi-disant "passage sur sentier non-balisé" étaient en fait des chemins sur des pentes très raides en absence totale de sentier (crête depuis le port de Salau jusqu'au Mont Rouge : "pointillissime", bon courage), ou bien même infaisable (Tuc de Marimaya par le sud-ouest, au nord du port de Bonaigua : alors là, je n'ai pas fait !).